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L'arsenal poétique suite
7 mai 2013

MCMXCIV

 MCMXCIV

Saloperie d’époque : rien à voler, ni personne à qui le voler.
Les légions s’en retournent démunies de leurs expéditions lointaines.
Une Sibylle aux façons d’arbre confond passé et avenir.
Et les acteurs, que nul n’applaudit plus
en oublient leurs tirades. L’oubli pourtant est père
des classiques. Et à la fin ces années-là
aussi, seront considérées comme une dalle de marbre
avec son réseau de capillaires (l’aqueduc, le système
d’imposition, les catacombes, le ragot),
avec sa touffe d’herbe jaillissant des fissures.
Quand c’était une époque de misère et d’ennui,
où il n’y avait rien à voler, encore moins acheter,
sans parler d’offrir à quelqu’un quelque chose en cadeau.
César n’y pouvait rien, souffrant plus que les autres
de l’absence de luxe. On ne peut non plus en blâmer les étoiles,
puisque le ciel couvert dégage les planètes de leur responsabilité
vis-à-vis du terrain bâti : une absence
ne peut influencer une présence. Et c’est précisément là que
la dalle de marbre s’avance, parce que l’unilatéralité
est ennemie de la perspective. Peut-être simplement
les choses, plus vite que les hommes, ont perdu
l’envie de se multiplier. Dans cette captivité des blancs.

1994

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